Agriculture : l’information météorologique demeure un challenge

Par Rosine Nkonla Azanmene

« Confusion totale ! Les agriculteurs africains ne savent plus à quel saint se vouer. Difficile aujourd’hui de savoir quelle culture semer et à quel moment. Le climat change, et le passé n’est plus un indicateur fiable du futur ».  L’air confus, Pr Amadou Thierno Gaye, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a présenté un tableau peu reluisant de la situation de l’agriculteur africain. Il s’est exprimé le 9 octobre 2014 dans le cadre de la 4ème Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement de l’Afrique. Dans une présentation sur « l’analyse et la modélisation du système climatique ouest-africain : contribution à la croissance économique durable dans la région », le Pr Amadou Thierno Gaye déclare que « jamais auparavant, nos pays n'ont été aussi vulnérables aux incidences des conditions météorologiques et climatiques, qui  obligent  continuellement les gouvernements à revoir leurs programmes de développement nationaux, souvent à des coûts considérables.»

Il explique que ces dernières années, plusieurs régions du continent notamment la région sahélienne, l’Afrique de l’Ouest et même l’Afrique de l’Est, ont connu des sècheresses récurrentes, parfois sur de longues durées. Ces sècheresses ont durablement affecté le système agricole, et la productivité en a pris un sérieux coût. A cela s’ajoute des problèmes d’eau pouvant servir à l’activité économique, à la consommation humaine et à celle du bétail. Les tempêtes de poussière ont également gagné en fréquence, tout comme les problèmes de santé qui les accompagnent.

Aujourd’hui plus que jamais, l’information météorologique s’avère décisive. Selon l’ « African Ministerial Conference on Meteorology » (AMCOMET), la densité du réseau des stations météorologiques n’est pas suffisante pour apporter l’information dont on a besoin pour mener à bien des travaux de recherche, ou pour proposer des solutions, ou encore prendre des décisions politiques.  Mais selon AMCOMET, il est possible d’améliorer les prévisions météorologiques et climatologiques pour répondre à la demande croissante émanant de presque tous les secteurs socio-économiques, notamment le secteur du transport, en commençant par la navigation aérienne qui requiert une attention particulièrement urgente.

Pour les agriculteurs qui dépendent principalement de la pluie, le Pr Amadou Thierno Gaye pense qu’il est impératif maintenant de gérer l’information climatique, et de mettre en place des dispositifs de soutien aux producteurs dans lesquels on devra intégrer les informations  météorologiques et  climatiques.