L’Afrique se fait une idée claire sur COP 21 et ses attentes à Paris

Addis-Abeba, Ethiopie, 23 Janvier 2015 (ClimDev-Africa). Le Programme Climat pour le Développement en Afrique (ClimDev-Afrique) a clôturé le 23 Janvier 2015 à Addis-Abeba (Ethiopie) trois jours de réunion des experts, et dont les discussions portaient sur le parcours de l’Afrique dans les négociations sur le changement climatique. La réunion avait pour objectif d’affuter les stratégies et attentes de l’Afrique pour la COP21 qui se tiendra vers de l’année à Paris en France.

Dr. Fatima Denton, Directrice de la Division des Initiatives Spéciales de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, a clôturé la réunion par une remarque positive avec la conviction que la rencontre a définitivement permis de mettre les principaux acteurs africains concernés par la problématique du changement climatique sur un bon chemin étant donné qu’ils s’efforcent pour obtenir pour le Continent le meilleur dans le cadre du nouvel accord devant remplacer le Protocole de Kyoto sur le changement climatique.

Durant les trois jours, les participants ont examiné les pour et les contres des nouveaux éléments des négociations telles que les Contributions Nationales Intentionnellement Déterminées (CNID), les questions structurelles et conjecturelles concernant l’Afrique, l’Adaptation et les Pertes et Dommages, le Transfert des Technologies, le Financement Climatique et le Développement des Capacités.

Dr. Bubu Pateh Jallow du Département des Ressources en Eau de la Gambie, a qualifié la rencontre d’unique dans l’histoire de l’Afrique dans les négociations sur le climat. Il déclare : "je ne pense pas qu’une réunion du genre ait déjà eu lieu sur l’Afrique dans le passé, puisque dans la plupart des cas, nous avons toujours eu des réunions pour discuter sur les éléments d’un programme déjà préparé. Mais venir à organiser une session sur la COP et spécialement sur l’Afrique, c’est la première fois que cela se produise. De plus, nous avons discuté sur des questions très pertinentes, et dont la pertinence va même au delà de Paris 21".

Il suggère "qu’une réunion de haut niveau soit organisée entre les trois institutions à savoir l’UA, la BAD et la CEA pour discuter de comment elles peuvent travailler ensemble sur des questions cruciales discutées à cette rencontre afin que les responsabilités de chaque institution soient clairement définies"

Le Coordonateur du Groupe des Négociateurs Africains, Mr. Elhassan Nagmeldin, était également passionné de la réunion en exprimant que "cette réunion nous a donne des perspectives très utiles concernant nos propres performances des questions fondamentales des négociations". Nous négocions actuellement un nouvel accord, et personne ne sera content en Afrique si nous faisons les mêmes erreurs comme dans le Protocole de Kyoto.

"Nous avions tous pensé que le Protocole de Kyoto comportait certains éléments qui pourraient aider l’Afrique à mieux faire face aux impacts du changement climatique, mais nous nous sommes très tôt rendu compte que rien, en ce sens, ne s’y figurait. L’Afrique n’a pas bénéficié du Protocole comme les autres régions parce que nous n’avions pas porté l’attention complète sur certaines questions", regrette-t-il.

Dr. Seth Osafor, consultant en Loi internationale sur l’environnement et vétéran des négociations sur le climat a soutenu les propos de Mr. Elhassan en ces propos "je pense que cette réunion nous a permis de jeter un regard critique sur nos performances au cours des années écoulées. Nous avons examiné certaines de nos réalisations, mais aussi certaines de nos insuffisances"

"Comme nous tendons vers Paris, nous essayons de voir comment l’Afrique peut s’organiser de façon efficace pour faire face aux défis. Nous avons, par exemple, examiné comment nous pouvons améliorer la capacité de nos négociateurs, mais aussi la qualité de support nécessaire pour une meilleure préparation des ministres africains participant aux COPs, puisqu’à la fin des discussions, certaines des décisions prises à la Conférence sont des décisions politiques, et si nos ministres ne sont pas bien informés ou équipés nous avons donc un problème parce qu’ils ne seront pas en mesure de délivrer".

Dr. Chukwumerije Okereke, Professeur de la Gouvernance du Changement Climatique à l’université de Reading, à délivré une note de satisfaction aux organisations de la réunion en s’adressant en ces propos à l’unité de communication de ClimDev-Afrique "je sors de cette réunion avec deux importantes choses à emporter. La première est la compréhension et la conviction que nous avons en réalité beaucoup d’intellectuels africains très compétents et ressourcés dans les sciences et les politiques du changement climatique. Le problème de l’Afrique, par conséquent, ne semble donc pas être un problème de capacité. Il s’agit plutôt de comment organiser et mobiliser nos capacités. Je suis très ravi de très riches présentations, commentaires et analyses que j’ai entendus dans cette salle de réunion".

Deuxièmes, je sors de cette réunion avec la compréhension que beaucoup de nos négociateurs africains on une bonne compréhension des méandres et des complexités des négociations sur le changement climatique. Cependant, il est clair que bien qu’ils comprennent bien ces méandres et complexités, ils ont le sentiment d’être en position de faiblesse pour influencer les négociations. La principale raison, qui peut ne pas être acceptable, est qu’ils n’ont pas un support politique conséquent des leaders africains. Nous ne pouvons pas attendre l’Occident faire cela pour nous. Le changement doit commencer par nous. La préparation doit commencer par nous. La vision doit être conçue par nous. Et nous devons aller à Paris et aux autres rencontres pour influencer le discours et imposer ce qui est consistent avec nos aspirations de développement"

La réunion a été organisé par le Centre Africain de Politiques sur le Climat (CAPC), le bras droit en matière de recherche du consortium ClimDev-Afrique, et s’était focalisée sur le thème "Comprendre l’évolution du paysage de l’Afrique dans les négociations de CCNUCC : de Kyoto à Paris". Elle a connu la participation d’environ cinquante experts venus de tout le continent et ayants des compétences variées sur les divers aspects des négociations sur le changement climatique pour partager leurs perspectives et histoires sur le paysage des négociations.

Les résultats de la réunion serviront à produire des documents additionnel pour faciliter la compréhension des différents éléments des négociations notamment l’alignement des CNID avec les stratégies de développement des pays africains. Ils serviront aussi à identifier les besoins du Groupe des Négociateurs Africains en terme du soutien pour leur participation efficace aux discussions à la 21e Conférence des Parties (COP21) ak Paris, de mieux soutenir la préparation de l’Afrique à accéder au financement et aux technologies, et d’élaborer une stratégie de mise en place d’un cadre de suivi-évaluation de la participation de l’Afrique dans les négociations sur le climat.

Le changement climatique est le plus grand défi de notre ère auquel l’humanité est confrontée. Pour faire face à ses impacts, la communauté internationale a institutionnalisée le processus de CCNUCC ayant pour mandat de chercher les meilleures voies pour gérer le phénomène au niveau mondial.

La participation de l’Afrique dans négociations dans le cadre de CCCCCC a été récemment boostée par l’effort concerté d’avoir une Position Africaine Commune pour chaque session des discussions mondiales sur le climat. Ces efforts formulés dans la Décision No. Assembly/Dec. 457(XX) du mécanisme de coordination du Comité des Chefs d’Etat Africains sur le Changement Climatique (CCEACC) prise lors du Sommet de Malabo en 2011 et autorisant le Programme Climat pour le Développement en Afrique (ClimDev-Afrique) à organiser et coordonner la participation de l’Afrique à tous les événements de COP.

Source : ClimDev-Afrique