D’un point chaud à une plaque tournante climato-intelligente

Le changement climatique est un sujet qui a marqué l’actualité internationale au cours du dernier trimestre 2014. De la Semaine du Climat organisé par les Nations Unies à New York au Sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Pékin, en passant par le Sommet du G20 à Brisbane, le danger manifeste et immédiat d’une hausse incontrôlée des températures est désormais pris au sérieux. Laissant de côté les vieilles discordes, les leaders mondiaux ont annoncéd’audacieuses intentions et promesses de contributionsdans l’objectif de freiner le changement climatique. Les évènements en coursconstituent un tournant décisif qui pourrait permettre de faire sortir les négociations climatiques internationales d’une longue impasse, et conduire le monde vers une ère nouvelle à faible teneuren carbone. Vu la tournure qu’ont pris les évènements, tout porte à croire que l’action contre le changement climatique s’est vue insuffler un nouvel élan durant la période précédant la tenue du Sommet de Lima ce mois-ci, en vue d’un accord post-Kyoto réussi à Paris en 2015.

Ententes et Promesses

Un des faits saillants ces derniers mois a été l’entente entre les deux plus gros pollueurs de la planète, les Etats-Unis et la Chine, qui, à eux seuls, sont à l’origine de près de 40% des émissions mondiales du CO2 (China and US MakeHistoricClimate Change Agreement). Les Etats-Unis ont convenu de réduire leurs émissions d’ici 2025, alors que la Chine s’est engagée sur un pic de ses émissions d’ici 2030. Au niveau rhétorique du moins, de telles promesses sont à même d’instaurer un climat de confiance entre les différentes parties prenantes sur le fait que le monde s’est finalement décidé à prendre au sérieux l’idée d’un avenir à faible teneuren carbone.                                   

L’annonce de nouvelles ressources financièrespermettantd’alimenter le Fonds vert pour le climat (FVC) constitue un autre élément critique. Elle représente également une bonne nouvelle pour les pays africains qui s’apprêtaient à faire une demande de financement supplémentairelors du Sommet de Lima (African countries demand $7 billion for green fund by December).

Le FVC est un mécanisme  de financement de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), mis en place en vued’appuyer les efforts des pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation.

Au mois de Septembre, le Sommet de New York n’a réussi à lever des fonds qu’àhauteur de 2,3 milliards de dollars,sous forme de promesses de contributions émanant de six pays (UN ClimateSummit: Ban Ki-Moon Final Summary). Par la suite, les promesses de contributions, à savoir 3 milliards de dollars de la part des Etats-Unis et de 1,5 milliards de dollars de la part du Japon (USA et Japon : 4,5 Mds$ pour le Fonds vert pour le climat) ont permis d’accroîtrele montant de capitalisation initiale du FVC. Lors de la Conférence d’annonces de contributions qui a eu lieu mi-novembre à Berlin, le FVC a recueilli un montant total de promesses de contributions s’élevant à 9,3 milliards de dollars, un montant en-deçà de l’objectif de 10 milliards de dollars (Fonds vert pour le climat: levée historique de 9,3 milliards dedollars).Toutefois, il y a bon espoir que cet objectif sera atteint, voire même dépassé avant la fin de l’année en cours (Le Fonds vert pour le climat récolte 9,3 milliards de dollars).

 

Lafinance, tout autant que la mise au point et le transfert de technologies et le renforcement des capacités, figure en tête des priorités de l’agenda climat de l’Afrique. Plutôt que d’ajouter à la complexité de l’architecture financière internationale pour le climat, le FVC devraadopter une approche innovanteafin d’acheminer le financement climatique vers les régionsdu monde les plus vulnérables, telles que l’Afrique.

                                                     

Une façon de procéder consiste àrationaliser les procédures pour accéder et gérer le financement climatique (The Green ClimateFund: An opportunity to rationalizeclimate finance?). Le FVC doit travailler directement avec les Entités nationales de mise en œuvre en vue d’assurer une plus grande appropriation par les pays africains ainsi que d’accélérer le décaissement du financement climatique en faveur de domaines prioritaires déterminés au niveau national(Operationalising the Green ClimateFund: EnablingAfrican Access). A cet effet, le Fonds devra fournir un ‘passeport’ aux Entités nationales de mise en œuvre existantes alors même qu’il facilite le processus d’accréditation des nouvelles entités. Par ailleurs, le FVC devra s’efforcer de renforcer les capacités des Entités nationales de mise en œuvre des pays africains en vue de la gestiondu financement climatique, tandis que ces derniers doivent s’atteler rapidement à la rédaction de propositions de projet qui soient assez convaincantes pour attirer le financement du Fonds.

Le FVC bénéficie d’une occasion sans pareille pour faire les choses différemment et donner le ton aux autres institutions financières multilatérales. Par conséquent, il peut veiller à ce que le financement climatique soit adéquat, prévisible et durable afin d’étendre la portée des efforts en matière d’atténuation et d’adaptation au niveau du continent africain (Proposalfrom the African Group on DraftElements on Finance under the ADP Lima Elements on Climate Finance). Ceci est d’une importance capitale pour la mise en œuvre des projets concrets sur le climat, tels que le Partenariat mondial pour l’énergie renouvelable mis sur la table par le Groupe des négociateurs africains(Statement on behalf of the African Group of Negotiators (AGN)).

De leur côté, les pays africains devronttenterd’explorer d’autres options de financement en matière d’adaptation pour suppléer aux insuffisances du financement du FVC. Outre les nouveaux mécanismes et outils annoncés par le secteur privé, la Nouvelle Banque de développement du BRICS (The BRICS Development Bank)lancée récemment,peut s’avérer une alternative viable.

Les preuves sont irréfutables

La publication récente de deux rapports clés révèle des preuves irréfutables quant à la réalité du réchauffement planétaire, justifiant ainsi l’urgence de l’action à mener contre le changement climatique. Le Rapport de synthèse sur les conclusions du cinquième Rapport d’évaluation, publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), donne un aperçu des risques et lance un sévère avertissement concernant l’avenir sombre qui nous guette si les leaders mondiaux ne prennent pas de mesures immédiates. Le Rapport affirme sans équivoque la certitude des risques liés au changement climatique (Conclusion du cinquième Rapport d’évaluation)et l’urgence de réduire les émissions de CO2 afin de limiter le réchauffement sous le seuil de 2o C.

Les conclusions du Rapport sont particulièrement moroses pour l’Afrique du fait que ses secteurs de développement, à savoir l’eau, l’agriculture et la santé, sont  davantage exposés aux effets du changement climatique (Highlight on the ‘Future Risks and Opportunities for Adaptation in Africa’). La fréquence des évènements climatiques extrêmes, le changement du cycle pluviométrique, la hausse des températures infligent un stress supplémentaire à ces secteurs particulièrement sensibles au changement climatique.

L’Afrique court un sérieux risque de pénurie d’eau, d’une baisse de 18% à 22% derendements agricoles d’ici à 2050, et d’une hausse des maladies à transmission vectorielle et d’origine hydrique(IPCC FifthAssessment Report AR5: What’s in it for Africa?). On s’attend à une augmentation des risques de santé, tels que le paludisme et la fièvre dengue, alors qu’il est encore tôt pour se prononcer de manière définitive concernant l’épidémie récente de l’Ebola (Media Jumps to Conclusions on Ebola and Climate Change). Les effets du changement climatique menacent de faire reculer le progrès difficilement accompli par l’Afrique et de faire dérailler le processus de croissance du continent.

Pour sa part, le Rapport publié par la Commission mondiale sur l’économie et le climat, The New ClimateEconomy Report, met en exergue la nécessité et les opportunités pour relever les défis liés au changement climatique tout en poursuivant l’objectif de croissance économique(Seventhingswelearnedfrom Lord Stern's New ClimateEconomy report). Le Rapport fournit des indications pour les régions en développement telles que l’Afrique quant à la manière d’accorder la priorité à leurs actions contre le changement climatique, qui devronttout d’abord tenter de résoudre les défis spécifiques du continent concernant le renforcement descapacités d’adaptation ainsi que l’amélioration dessystèmes de production alimentaire et énergétique visant à les rendre étanches au changement climatique (‘Une meilleure croissance, un meilleur climat’).

 

Le nouveau récit climatique de l’Afrique

 

Le récit climatique a pendant longtemps été narré sur fond de crises et en termes apocalyptiques. Certes, les pays africains, bien que contribuant le moins au réchauffement global, souffrent davantage des effets néfastes du changement climatique. Pourtant, la réalité est aussi celle des Africains qui ont eu à s’adapter aux effets du changement climatique pour un bon nombre d’années, et qui continuent d’ajuster leurs modes de subsistanceaux nouvelles menaces.En outre,il y a une plus grande sensibilisation autour de la question liée au changement climatique et une plus grande volonté politique de part le continent en vue d’une position plus proactive en matière d’adaptation et d’atténuation. En somme, on a atteint un point de bascule.

 

Parmi les évènements sur la question du changement climatique qui se sont déroulés au cours de 2014, la Quatrième Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique(CCDA-IV), organisée par le Programme Climat pour le développement en Afrique (ClimDev-Afrique) en début du mois d’octobre à Marrakech, au Maroc, a mis l’accent surla nécessitéimpérieuse de développer le secteur agricole afin de nourrir le continent. Pour cela, une approche fondée sur l’interconnexion se révèlera cruciale pour s’attaquer aux défis auxquels sont confrontés les secteurs de développement de l’Afrique –notamment l’agriculture, l’eau et l’énergie – dans le but delibérer le potentiel du continent (Eau, alimentation, sécurité énergétique: émergence d’une Afrique qui tire parti des possibilités offertes par les changements climatiques).

Selon le Rapport The New ClimateEconomy Report (Seventhingswelearnedfrom Lord Stern's New ClimateEconomy report), le choix pour l’Afrique d’une voie climato-intelligente est tout à fait justifiable en termes économiques. Au moyend’investissementsen vued’une agriculture climato-intelligente, de restauration de la fertilité des terres et de préservation des écosystèmes, l’Afrique sera à même de se nourrir et de réduire par la même occasion sa facture d’importation alimentaire qui se chiffre actuellement autour de 35 milliards de dollars (Rapport 2014 sur lesprogrès en Afrique). Avec la prévision que 60% de la population africaine pourraitdevenir citadine d’icià 2050 (Sub-SaharanAfrica – The New Frontier), le continent a la perspective de construire des villes climato-intelligentes – un des thèmes de discussion du Forum économique mondial (WEF) qui s’est tenu à Dubai le mois dernier – qui soient financièrement abordables et qui offre une meilleure qualité de vie à ses habitants.

 

De vastes opportunités existent pour que l’Afrique puisseprofiter de l’investissement de 90 trilliards de dollars destiné à la refonte de l’économie mondiale, surtout dans le domaine de l’infrastructure urbain et énergétique (How to boost development and tackle climate change?).Une partie de cet investissement a déjà été allouée aux investissements verts, dont plus de 1 trilliardde dollars attribué au secteur de l’énergie renouvelable, alors que les projets d’efficacité énergétique se sont accaparé environ 300 milliards de dollars (RemarkableOpportunity for Global Economy in UpcomingClimate Change Talks).

 

Suite au déclin des coûts des systèmes d’énergie renouvelable, les pays africains, les petits Etats insulaires en développement (PEID) et autres nations sont en phase d’accroître leur capacité en énergie renouvelable à un rythme beaucoup plus rapide que dans les pays développés (Les pays émergents, nouveaux champions des énergies renouvelables).Pour la seule année 2014, l’Afrique entend ajouter 1,8 GW d’énergie renouvelable (Africawilladd more renewableenergyin 2014 than in the last 14 yearscombined). Bénéficiant de son statut de retardataire et de ses ressources, l’Afrique semble prête pour amorcer le processus de transformation d’un point chaud au niveau climatique à une plaque tournante climato-intelligente.

 

Combler d’importantes lacunes

Mises à part les opportunités évidentes, il ressort clairement que les réponses de l’Afrique face aux défis du changement climatique ont jusque-là été loin d’être suffisantes. La traduction de la compréhension des phénomènes climatologiques en actions exige des connaissances, des capacités et des ressources adéquates, éléments qui font tous grand défaut. A l’heure actuelle, des efforts sont en cours pour combler ces importantes lacunes afin de faire avancer l’agenda climat de l’Afrique axé sur l’opportunité. Le Programme ClimDev-Afrique,conjointement établi par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union Africaine (CUA), cherche justement à remédier ce problème-là.

Le Programme ClimDev-Afrique est conçu pour servirde plate-forme continentale pour les décisions et actions relatives au changement climatique. Depuis sa création en 2006, il a sensibilisé les décideurs africains aux multiples dimensions et implications du défi que présente le changement climatique et à la nécessité d’agir pour gérer les effets actuels et prévenir les menaces futures. Le Programme s’active pour constituer un corpus de connaissances sur les questions liées au changement climatique au niveau continental, pourdévelopper la capacité de l’Afrique en matière de recherche et de services climatologiques en vue de la production de données climatologiques africaines, et pour agrandir l’influence du continent dans les processus de négociations mondiales sur le changement climatique. L’objectif ultime du Programme est de renforcer la résilience, d’améliorer la planification et la gestion des risques liés au changement climatique, et de fournir une orientation pour les décisions en matière d’investissement et de politiques économiques en Afrique.

 

ClimDev-Afrique est impliqué dans le déballage de concepts climatologiques (IPCC Discussion Group) ; dans les travaux de recherche sur l’évaluation économique des impacts et des coûts résultant du changement climatique, et dans le renforcement des capacités des services climatologiques africains à travers le financement du nouveau Fond spécial pour le développement climatique(FSCD). Le Programme s’occupe actuellementde mettre en place un centre régional de recherche, à savoir l’initiative ‘Recherche sur le climat pour le développement’ (CR4D), afin de coordonner la production et le partage des connaissances et de la science climatologiques en vue d’une meilleure formulation de politiques. ClimDev-Afrique apporte et continue d’apporter un appui sans faille au Groupe de négociateurs africains (AGN) et le Réseau des jeunes avocats africains (YALN) dans le but de renforcer le pouvoir de négociations de l’Afrique dans les instances internationales.

 

L’objectif de transformation de l’Afrique ne peut se réaliser que s’il repose sur un programmede développement qui soit à la fois inclusive et durable. Bien souvent, les pans les plus vulnérables de la population, plus spécifiquement les femmes et les jeunes, sont touchés de façon disproportionnée par les effets néfastes du changement climatique et les risques d’exclusion.

 

Le Sommet de l’Union Africaine, qui a eu lieu à Malabo en juin 2014 (The 23rdOrdinary Session of the African Union ends in Malabo),a reconnu la nécessité d’intégrer les femmes et les jeunes dans les actions contre le changement climatique. En leur qualité de champions des efforts en matière d’adaptation et d’atténuation, ils doivent mener les actions climatiques du continent. Les femmes, en particulier celles vivant dans le monde rural, sont très vulnérables au changement climatique du fait de leurs interactions directes avec les systèmes alimentaires, ainsi que de leur usage des terres et des ressources énergétique et hydrique  (Climate change affects women, saysMuchinguri). L’autonomisation des femmes et l’amélioration de leurs capacités à faire face se révèleront essentielles pour une intervention réussie en matière de l’action contre le changement climatique. Les jeunes ont aussi un rôle important à jouer dans les efforts d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique, plusspécifiquement dans la collecte, l’analyse et la diffusion de données climatologiques à l’aide de la technologie mobile; dans l’adoption des technologies propres et des pratiques climato-intelligentes visant à transformer les secteurs agricoles et énergétiques de l’Afrique; et, dans la protection, la gestion et la réhabilitation des écosystèmes, des terres et des ressources en eau.

 

Une réponse climatique rapide exige des systèmes de gouvernance évolutifs et flexibles. A cette fin, l’Afrique devra revoir et réformer les systèmes de gouvernance en place afin de d’étendre la portée des efforts d’adaptation et d’atténuation. Ceci s’applique à la gouvernance des ressources nationales et transfrontalières (Accumulation by Dispossession, Climate Change and Natural ResourcesGovernance in Africa), qui se doit d’être équitable et transparente afin d’assurer l’inclusivité et d’éviter l’éventualitéde conflits. Cela vaut également pour les structures de gouvernance qui devront adopter une approche plus décentralisée.

 

Il faudra octroyerun pouvoir plus important aux gouvernements et communautés locaux du fait qu’ils se situentà l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. Les structures locales de gouvernance sont celles qui décident des choix stratégiques tels que l’investissement en infrastructure urbain  (It is Time to Pay the ClimateDebt: Financing a LowCarbonUrbanAfrica) ou encore l’utilisation des terres et des ressources en eaux dans les communautés rurales (UsingTraditionalKnowledge to CopeWithClimate Change in Rural Ghana). Ce sont ces structures qui sont en relation directe avec les sections les plus vulnérables des sociétés africaines – agriculteurs, éleveurs, pêcheurs – ainsi que les groupes en marge de la société, notamment les femmes et les jeunes. Le gouvernement central des pays africains doit pouvoir redéfinir les rôles de ces structures locales de gouvernance et agrandir l’étendue de leurs responsabilités en vue de la planification et de la mise en œuvre effective des initiatives nationales en matière d’adaptation et d’atténuation.

 

Lima doit être plus ‘qu’une étape avant Paris’

L’échelle des actions climatiques n’est pas encore à la hauteur de l’ampleur des défis climatiques auxquels le continent africain se trouve confronté. Toutefois, les évènements récents constituent un pas en avant positif. Alors que le monde se prépare à rédiger le projet d’accord sur le changement climatique à Lima avant la finalisation de l’accord à Paris l’année prochaine, les Etats africains se doivent d’être plus ambitieux et plus proactifs s’ils comptent influencer un accord qui aura des conséquences importantes sur la vie des millions d’africains. Comme l’a fait remarquer récemment  un des négociateurs africains: ‘Si l’on ne fait pas les choses correctement à Lima, on peut oublier Paris’.

L’annonce de l’entente entre les Etats-Unis et la Chine va forcément bouleverser la dynamique des alliances au niveau mondial concernant le changement climatique (US-China pact has shifted the dynamics of climatetalks). L’annonce a surpris l’Inde, l’allié traditionnel de la Chine, (China’semission cap pledgeshocksIndia) qui se veut ardent défenseur du droit des pays en développement aux émissions de CO2 dans leur poursuite de la croissance économique, considère la réduction des émissions comme étant la préoccupation primordiale des pays développés  (Nowthat China and the U.S. have a climate deal, willIndiastep up next?). A mesure que l’Inde subit une pression grandissante la contraignantà dévoiler son plan d’imposition de plafond des émissions, on s’attend à voir une série de manœuvres en marche alors que la Chine et l’Inde cherchent à gagner le soutien de l’Afrique pour leurs programmes climatiques respectifs.

Les négociations climatiques internationales ne doivent pas se focaliser sur les seuls objectifs de réduction d’émissions, mais devront également donner la priorité aux besoins climatiques spécifiques à l’Afrique. Le continent doit exiger un plus grand accès au FVC et une plus grande part des fonds pour financer ses actions climatiques (GCF Pledging Event: Successis more thanjust one bignumber!),des initiatives plus audacieuses telles que le prix du carbone (RemarkableOpportunity for Global Economy in UpcomingClimate Change Talks), et leplaidoyer en faveur de l’atténuation aux côtés de l’adaptation. Le Programme de travail sur les pertes et les dommages, qui a présenté ses conclusions à Varsovie en 2013, mérite également une plus grande attention – puisque des voies doivent être trouvées permettantde compenser l’Afrique pour les effets du changement climatique que le continent a subi par le passé et de ramener le principe fondamental du ‘pollueur payeur’. L’Afrique devra aussi tenter de mobiliser un financement climatique additionnel en provenance d’autres sources pour suppléer aux promesses de contributions au FVC, jugées inadéquates par les pays en développement.

Le moment n’a jamais été aussi propice pour l’Afrique qui se trouve dans une position bien avantageuse pour négocier (NegotiatorscouldbeAfrica'sfinancialleapfrog in Lima). Le paradoxe est que, malgréun niveau d’émissions de l’Afrique aussi minime, le continent est richement doté en hydrocarbures qu’il peut mettre à profit pour atteindre les objectifs de croissance dont il s’est fixé en vue deréaliser sa transformation socio-économique. Cela signifiera des niveaux plus élevés d’émissions à l’avenir – sauf si les pays africains choisissent de mettre en œuvre des politiques fondées sur une utilisation judicieuse des hydrocarbures en combinaison avec des ressources énergétiques renouvelables.

De ce fait, la communauté internationale doit écouter l’Afrique, et l’aider à mettre en place les conditions nécessaires pour qu’elle puisse effectuer la transition vers une économie à faible teneur de carbone. Ceci offre un argument solide pour les négociateurs africains qu’ils peuvent s’en servir pour changer la donne – c’est-à-dire pour s’éloigner d’un récit réactifbasé sur la requête de contributions pour adopter un récit proactive qui situe l’Afrique à l’épicentre de l’opportunité en matière de changement climatique. Ceci confèrerait également une toute autredimensionaux points de contention – notamment le principe de responsabilité commune mais différenciée et lacompensation des émissions de carbone.